Des Collines De Pagnol

Des Collines De Pagnol Porcelaine

Porcelaine

L'amour du Porcelaine



L’AMOUR DU PORCELAINE…

 

  Pourquoi lui ? Pourquoi pas un autre ?  Ce texte exprime mieux que tout autre pourquoi le Porcelaine est notre race de coeur…

LE PORCELAINE…

  Comme les personnes d’allure naturelle très distinguée, le Porcelaine n’a besoin d’aucun artifice pour se faire remarquer et classer dans tous les détails de sa structure comme l’un des plus beaux et gracieux courant.

  La robe au beau poil ras, fin, brillant, est d’un blanc très pur avec des taches d’orange arrondies qu’on croirait peintes tant les limites de ton sont bien démarquées, les coups de « pinceau » n’oubliant jamais les oreilles.

  La tête finement sculptée est coiffée par la bosse occipitale arrondie descendant sur un front plat à la rencontre des yeux aussi doux qu’intelligents.

  Le chanfrein de bonne longueur, ni camard, ni pointu se termine légèrement busqué par une truffe noire aux trous de nez bien ouverts.

  Les babines aux lèvres noires ni tombantes, ni trop épaisses, toutefois, la supérieure recouvre bien la seconde.

  Comme des pendentifs artificiels, les oreilles sont à l’horizontale des yeux, finement attachées, bien cassées, papillotantes, se terminant pointues, assez longues pour toucher le bout du museau.

  Le cou léger, gracieux, présente un soupçon de fanon qui se moule harmonieusement aux longues épaules musclées de ce racé athlète.

  Seuls les membres perdent un peu de leur finesse par rapport au restant du corps.

  Bien d’aplomb, les jambes de devant tombent droit sur des pieds aux doigts serrés, reposant sur de dures soles.

  Alors que les membres de derrière, aux cuisses bien descendues, laissent apparaître des muscles secs, des forts jarrets, normalement coudés près de terre, confirmant en plus de la beauté esthétique, les capacités de la bête pour le galop.

  Le dos large, droit, sans faiblesse, soutient le corps de ce superbe compagnon, donnant naissance à sa base d’un fouet de moyenne longueur, assez fort, allant en s’amincissant sans jamais être espié, porté sans forfanterie, légèrement incurvé, se balançant de gauche à droite au moindre contentement.

LES DEFAUTS A EVITER

  La robe totalement blanche ne vaut pas celle où l’on rencontre quelques grosses taches d’orange, (mais ! des taches oranges seulement). On évite celles tirant sur l’acajou, et on exclut toutes autres couleurs.

  De même qu’on ne retient pas les poils rêches rudes, longs, d’aspect terne et sale.

  La truffe et les babines claires sont à rejeter, de même que les oreilles mal cassées, non papillotées, naissant au-dessus de la ligne des yeux et qui de ce fait n’arrivent souvent pas au bout du nez.

  Les membres trop gracieux, pas assez musclés même s’ils paraissent au premier abord s’harmoniser avec le restant du corps , ne sont pas à retenir pour un vrai Porcelaine.

  Enfin sont à éliminer les queues portées et agitées autrement qu’en balançoire.

SA CHASSE

  Originaire de la Franche-Comté, le Porcelaine dont Louis Pergaud nous vante dans son merveilleux conte « Miraut » l’intelligence, le sens de l’orientation, la passion de poursuivre le gibier jusqu’à l’épuisement de ses forces, n’a pas une renommée surfaite.

  Certes, comme chez toutes les races sévèrement contrôlées depuis des dizaines de générations de chiens, la sélection engendre les méfaits de la consanguinité pouvant parfois atténuer ses capacités physiques, le vieillir prématurément, mais sans pour autant altérer en lui ses principales qualités.

  Il suffit donc de rechercher (autant que faire se peut chez cette race qui décroît en France) un chiot issu de père et de mère non parents, de redoubler de soin à son égard pour, une fois bien dressé, obtenir le courant parfait pour tout gibier à poil.

  Employé depuis fort longtemps et de nos jours encore pour la chasse à courre, il est aussi prisé pour la chasse à tir dans toutes les régions boisées et montagneuses, particulièrement dans le Jura, les Vosges, la Savoie, les Alpilles et les Cévennes où il fait merveille pour quêter, lancer, et poursuivre sangliers, cerfs, chevreuils, plus particulièrement encore le lièvre.

  Très docile pour un courant, il sait au galop, sans s’emballer, quêter en demi-cercle, devant et à portée du fusil de celui qui le mène. Nez au vent, il longe les sentiers, explore les unes après les autres, les coulées dans un rayon de 50 à 70 mètres, revient sur ses pas, hume les troncs moussus d’arbres couchés à terre qui retiennent davantage les capiteuses effluves de la pièce recherchée.  Sitôt celles-ci par le fin odorat éventées que les voici répertoriées, classées dans son immense ordinateur, qui, en moins d’une seconde, détermine la nature du gibier et surtout la fraîcheur de la piste. Le battement de la queue, les premiers balbutiements ou hurlements donnent au maître, les résultats de l’analyse.

  A partir de ce moment-là, le Porcelaine prend lui-même le déroulement des opérations et c’est bien que son maître le laisse faire, se contentant de l’appuyer à mi-voix par des encouragements doux, persévérants, en essayant d’être tout près de lui sans jamais lui passer devant afin d’éviter de brouiller la piste.

  La piste peut être vieille, embrouillée avec d’autres, séchée par le vent et le temps, du moment qu’elle a été une première fois perçue, elle n’échappera plus à son fin odorat. Au contraire, au fur et à mesure qu’il s’approche du gîte, ses gémissements font place à des aboiements plus nets et plus fréquents, épouvantant merles, geais et autres volatiles qui bruyamment manifestent leur départ, alors que maître goupil même si ce n’est pas sur lui que la piste mène, évitant les chemins et carrefours des postes à lièvres, se faufile sous les branches, hors de l’enceinte meurtrière. Le lièvre peut également partir en catimini, sans attendre que le Porcelaine plonge son museau dans la touffe où il gîte.

  Aussi dès les premiers aboiements du chien, et même avant, les chasseurs placés sont bien inspirés d’observer le plus grand silence, d’ouvrir les yeux et de tendre l’oreille, sachant que tout gibier partant avant d’avoir été lancé sort très discrètement de l’enceinte du terrain de chasse, marquant souvent un temps d’arrêt avant de franchir le carrefour, la clairière, le col, et que le moindre bruit, mouvement par lui décelé lui fait dévier et rebrousser chemin, d’autant que le chien n’est pas encore à ses trousses. Ainsi placés, silencieux et attentifs, les meilleures surprises sont à attendre, celle de tirer dans d’excellentes conditions le chevreuil ou le lièvre, partis en « chatte mouillée » devant les chiens et venant dans la coulée directement sur vous, mais également d’apercevoir le renard vous épiant derrière la bruyère, d’entendre moins discret le sanglier faire craquer les brindilles, froisser les branchages, rouler les galets, vous donnant juste le temps d’échanger prestement mais sans faire claquer le fusil vos cartouches à plomb par deux balles réglementaires, d’épauler, de tirer et tuer la plus belle pièce de la journée. Ceci n’empêche nullement le Porcelaine de poursuivre son travail.

  En effet, ou la pièce est celle qu’il a lancée et dans quelques instants il sera là à savourer sa victoire, ou bien de sa merveilleuse voix de ténor, il vous annonce qu’il en poursuit une deuxième, vous tenant informé d’une façon sûre et régulière vers où elle se dirige.

  Comme la plupart des autres courants, mais avec peut-être plus de nuances encore, le Porcelaine a une modulation de voix propre à chaque gibier et une série de gammes pour avertir si le gibier est détecté, lancé, poursuivi de près, ou de loin, s’il lui a pris beaucoup d’avance ou si, au contraire, il lui ressaute dessus.

  La grande variété de sons, la régularité à vous les transmettre, la persévérance de la poursuite du Porcelaine vous tient en émoi et en haleine des heures et des journées de chasse durant, au risque pour notre incomparable courant de ne plus avoir la force de retourner seul.

  Aussi, tout chasseur digne de ce nom, arrête son Porcelaine avant cette extrémité, se disant que s’il n’a pas tué, ce n’est pas la faute de son vaillant compagnon.